Voyage en Sulawesi - petite présentation de ce bel archipel
Sulawesi est le nom indonésien moderne du français « Célèbes ». Ce nom signifie « trident de fer ». Le trident est l'un des attributs du dieu Shiva, et la référence au fer est liée à la forme caractéristique de l'île, une sorte de « K » dont la branche supérieure s'incurve vers l'est. On attribue le nom de l'île à de jeunes nationalistes de Célèbes du Sud venus faire des études à Java à l’époque coloniale.
C'est une île du Nord de l'Indonésie située à environ 240 km à l'est de Bornéo, à 430 km au sud de Mindanao (Philippines), à 360 km à l'ouest de l'île de Buru (archipel indonésien des Moluques), à 290 km au nord de Florès et à 600 km à l'est-nord-est de Java.
Avec une superficie de 189 035 km2, elle est de par sa taille la 4ème île du pays mais sa population ne représente que 7 % du total national. Le relief, très accidenté, est principalement recouvert de forêt tropicale. Le point culminant de l'île est le mont Rantemario avec 3 478 m d'altitude.
Depuis longtemps en effet, les Célèbes sont connues pour les gisements de fer, peu nombreux dans l'archipel indonésien. Les Javanais du royaume de Majapahit au 14ème siècle, appréciaient le fer à haute teneur de nickel en provenance du royaume de Luwu dans le sud de Célèbes. Une autre source du métal était les mines du pays Seko, également situées dans le sud de l'île.
Il existe quatre parcs nationaux aux Célèbes : le parc national marin de Bunaken, le parc national Bogani Nani Wartabone, le parc national de Lore Lindu et le parc national de Bantimurung. Il y a aussi des réserves naturelles, comme la réserve naturelle de Tangkoko Batuangus.
Au sud-ouest de l’île, la ville principale est Makassar (renommée Ujung Pandang sous le régime de Soeharto). Après la démission de ce dernier, la ville a repris son ancien nom. Avec Manado, ville située à la pointe nord-est de l’île, elle possède un aéroport offrant des liaisons régulières avec les autres îles indonésiennes.
Le risque sismique est élevé car l'île, comme toute l'Indonésie, est située sur la ceinture de feu du Pacifique ; le séisme de 2018 aux Célèbes a généré un tsunami de 4 à 6 m de haut et tué environ 4 300 personnes (second séisme le plus meurtrier d'Indonésie depuis le séisme de 2009 à Sumatra) en détruisant la ville de Palu et faisant des dégâts importants à Donggala et Mamuju. Deux autres séismes (magnitude 6,8) ont touché l'est de l'Indonésie le 12 avril 2019 et le 15 janvier 2021.
Des grottes abritent des peintures dont certaines ont été datées de 40 000 ans, notamment les grottes de Maros-Pangkep. Fin 2019, l'Université de Griffith (Australie) publie les résultats d'une datation à l'uranium-thorium sur une peinture préhistorique représentant une scène de chasse découverte en 2017 dans une grotte sur le site de Leang Bulu Sipong, selon laquelle cette peinture serait vieille d'au moins 43 900 ans, ce qui en ferait la plus ancienne œuvre d'art figuratif connue.
Des fouilles effectuées dans les grottes de Leang-Leang, situées à environ une heure de route au nord de Makassar, ont révélé des traces de présence humaine qui remontent au moins à 5 000 ans (3000 av. J.-C.).
Le centre de l'île possède plus de 400 mégalithes de granit, que des études archéologiques ont daté de 3000 à 1300 avant notre ère. Leur taille varie de quelques centimètres à 4,5 m. Leur fonction est inconnue. Une trentaine ont une forme humaine. D'autres sont en forme de pots et de plats.
Récemment, les Célèbes a été le théâtre de violences confessionnelles entre les chrétiens et les musulmans. Les incidents les plus graves ont eu lieu entre 1999 et 2001, avec une implication massive de milices islamistes comme le Laskar Jihad. Plus de mille personnes ont été tuées dans des violences, des émeutes et du nettoyage ethnique dans le centre de l'île.
L'accord Malino II, signé à Malino le 13 février 2002, n'a pas mis fin à la violence. Au cours des années suivantes, les tensions et les attaques systématiques ont continué. En 2003, treize villageois chrétiens ont été tués par des tireurs masqués dans le district de Poso. En 2005, trois lycéennes chrétiennes ont été décapitées à Poso par des militants islamistes. Un message laissé près d'une des têtes aurait indiqué : « Une vie pour une vie. Une tête pour une tête. »
De nouvelles émeutes ont eu lieu en septembre 2006 dans les régions chrétiennes du centre de l'île, ainsi qu'ailleurs en Indonésie, après l'exécution par arme à feu de Fabianus Tibo, Dominggus da Silva et Marinus Riwu, trois catholiques condamnés pour avoir dirigé des militants chrétiens au cours des violences du début du 20ème siècle.