La Namibie : Swakopmund et la vie dans un township 2
Il faut savoir que toutes les villes d'Afrique australe ont leur township à la périphérie qui regroupe toute la misère.
A Swakopmund, sur 60 000 habitants, 20 000 sont blancs et vivent dans le centre ville et 40 000 sont noirs et vivent dans le township. Un fossé social et économique est donc toujours bien présent en Afrique australe entre noirs et blancs, et ce, malgré la fin de l'apartheid en 1979.
Nous avons découvert que le township était auparavant organisé en trois secteurs réunissant chacun une des trois tribus suivantes : imba, herero et ovimbo appartenant à l'etnie des Bantou. L'idée étant de créer chez chacune des tribus un esprit de clan susceptible d'engendrer des affrontements. Et ceci selon le fameux adage : diviser pour régner...
Après la proclamation de l'indépendance de la Namibie en 1990, les habitants du township ont pu s'installer sans tenir compte de leur appartenance tribale. Le township comporte cependant plusieurs zones. A l'entrée, nous avons découvert des zones pavillonnaires où les habitations en béton sont toutes identiques. Les habitants les agrandissent d'une pièce ou deux, dès que leurs moyens le permettent.
Puis nous sommes rentrés dans une zone de villas plus cossues où la classe sociale la plus aisée du township réside. Les habitants appellent cette zone « Beverly Hills ».
Enfin, en s'enfonçant encore dans le township, nous avons atteint ce qu'on appelle la « zone d'attente » réservée aux migrants des pays d'Afrique voisins en recherche de travail et d'une vie meilleure. Les habitations de cette zone, si on peut appeler ça des habitations, sont constituées d'un amas de matériaux de récupération assemblés : tôle ondulée, morceaux de carton, planches de bois... Le tout ressemble à un bidonville à ciel ouvert. L'eau y est rationnée et accessible au moyen de tickets, l'électricité est absente et le confort n'est qu'un concept bien théorique. Dans ce chaos, seuls la solidarité et la débrouille peuvent permettre aux populations qui y habitent de survivre.
Dans ce township, nous avons croisé des enfants jouant dans la rue, comme tous les enfants du monde, le sourire aux lèvres mais beaucoup plus déshérités que les autres. Nous y avons également rencontré deux femmes extraordinaires.
La première tenait un commerce d'objets artisanaux (tableaux, bijoux, vêtements, bibelots) conçus par les habitants. Elle a eu la gentillesse de nous faire une petite démonstration de la langue à clics des San, en référence au claquement de la langue qui ponctue chaque syllabe. Ceux qui ont vu le film : les dieux sont tombés sur la tête, comprendront de quoi je veux parler. Autant dire que nous n'avons pas fait honneur à cette femme quand elle nous a proposé de reproduire quelques mots dans cette langue !!